Profondément ancrée dans l’image populaire du rêve nord-américain, l’idée voulant que le citoyen propriétaire soit presque considéré d’une classe à part au citoyen locataire m’exaspère. Ça m’apparait un non-sens. De plus, les arguments que j’entends le plus fréquemment sont rarement fondés sur des chiffres d’études ou ne laissent que miroiter une partie des avantages, sans parler des désavantages.
Ce serait un sophisme aussi de comparer la qualité de vie d’un 4-1/2 à celle d’une maison en banlieue. La vraie comparaison qui pourrait avoir lieu de débat, ce serait celle d’un 4-1/2 loué, contre un 4-1/2 acheté, ou celle d’une maison louée, contre une maison achetée. Il faut comparer des comparables, en superficies, en années de construction, en villes ou même en quartiers.
Rendement brut, non pas net
On ne peut pas non plus dire qu’on a fait 200,000$ de « profit » en revendant notre maison après 10 ans, si celle-ci a encouru des frais d’entretiens, de réparations, de rénovations, de taxes municipales, de taxes scolaires… et d’intérêts au financement! Le 200,000$ de cet exemple, c’est le brut. Au net, que reste-t-il vraiment? Ça dépend d’un paquet de facteurs, mais on ne peut pas dire que le plein montant est un profit.
Pour avoir vécu les deux, je sais reconnaitre que les deux ont leurs avantages et leurs inconvénients. Malgré tout, on a tendance, de façon générale, à surpondérer les mérites du propriétaire contre ceux du locataire. Il y a une forme de mirage qui s’opère et qui influence malheureusement beaucoup de décisions parfois même irrationnelles. Les guerres de surenchères me viennent à l’esprit.
Une maison, ce n’est pas un investissement. C’est au mieux un gros compte épargne.
Être locataire ce n’est pas non plus de jeter son argent par les fenêtres. En revanche, ce l’est littéralement lorsqu’on doit changer des fenêtres à titre de propriétaire.
Rendement historique des maisons
Nous venons de passer à travers une spectaculaire flambée des prix des maisons grâce à un heureux cocktail de spéculation, de faibles taux d’intérêt, et de rareté de l’offre (on ne construit pas suffisamment). De plus, certains secteurs ont bénéficié davantage de cette appréciation des valeurs.
Nous avons aussi vécu un choc tarifaire de +20% en 2 ans, entre mars 2020 et mars 2022. Parce que ces événements relatent du passé rapproché et que nous notre mémoire nous joue des tours et on a tendance à rapidement oublier que le rendement historique moyen des maisons, au Canada, n’est pas normalement spectaculaire. Sauriez-vous le deviner?
À l’échelle nationale, même sur une période aussi rapprochée que les 7 dernières années, le rendement se situe autour de 3%. Et si on recule de 50 ans? Idem. Autour de 3%. Autour de l’inflation générale. Comme l’inflation générale, lorsque le choc tarifaire survient, on oublie le plateau des prix d’avant, et le plateau des prix d’après. Le retour du balancier.
Par exemple, de 2022 à 2024, nous passons un plateau. Avant, de 2016 à 2020, il y avait aussi un quasi-plateau (+4% en 4 ans). Il faut regarder le macro pour donner un sens de contexte au micro et comprendre le mouvement global.
Un choix de style de vie
Je connais des propriétaires qui seraient mieux à être locataires. Je connais des locataires qui seraient mieux à être propriétaires. Comme on dit, le gazon a toujours l’air plus vert chez le voisin.
Ultimement, habiter quelque part coûte quelque chose. Point. C’est une dépense pour satisfaire le besoin essentiel d’avoir un chez-soi. D’avoir un toit pour dormir.
Tout n’est pas blanc ou noir non plus. Il y a des nuances à avoir des deux côtés. Rien n’est parfait, mais d’avoir un discours populaire unilatéral que l’un est meilleur que l’autre n’a pas lieu d’être. En fait, le choix devrait plutôt relever de nos centres d’intérêts, de nos projets, de nos agendas ou même de nos personnalités.
Mon choix personnel
J’aime ma maison, mais je ne me leurre pas à croire qu’elle soit un investissement et je ne mentirai pas à quelqu’un qui me demande c’est comment d’être propriétaire. C’est beaucoup d’argent, mais c’est surtout beaucoup de temps et d’énergie. Je ne le recommande pas nécessairement pour tous.
N’empêche que j’envie parfois le peu de responsabilités de temps et d’argent qu’occasionnait mon ancien 4-1/2. Là où faire le ménage ne prenait qu’une heure. Là où le gazon se tondait tout seul. Là où un bris de tuyauterie se réglait en un téléphone au propriétaire. Là où les fluctuations de prix étaient régies par la loi.
Si c’était à refaire, est-ce que je rachèterais une maison? Probablement, mais ce ne serait pas parce que ce serait un choix financièrement logique. Ce serait seulement par choix de vie… et de dépense.
Si un jour je redevenais locataires, je ne serais pas fâché non plus si c’était pour me permettre d’investir plus de temps et d’argent ailleurs (en placements boursiers). Je le verrais plutôt comme étant plus de temps pour le passer en dehors de mon chez-moi, entre amis, en famille, en découvertes et apprentissages, en activités, en loisir, en voyages. La liste pourrait s’étendre. Être locataire n’a pas à être négatif.
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Sources:
Illustration : Généré avec l’IA , le vendredi 31 mai 2024 à 4:41 p.m. avec Microsoft Copilot Designer, sous la commande: « A whimsical paper collage diorama with a purple and white color palette and warm lighting. The scene features friends enjoying a dinner party in a minimalist penthouse apartment with a view of the night city skyline. The relaxed atmosphere highlights the freedom and extra leisure time that come with renting, showcasing the benefits of fewer maintenance tasks. »
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