Il reste environ un mois avant la date limite des demandes d’admission au Cégep. Dès la rentrée scolaire et jusqu’à la date fatidique du 1er mars, en seulement 6 mois et des poussières, on demande à nos jeunes de 16 ans de prendre l’une des décisions qui aura le plus d’influence sur leur vie. Rien de moins.
Le souvenir ne m’étant pas très lointain, je me souviens encore vivement de ce sentiment de perplexité face à cette foule d’options. Il y a tant de chemins, tant de professions, tant de passions, tant de projets, tant d’institutions… sans compter qu’il est généralement difficile de se projeter une cinquantaine d’années par en avant, alors qu’on en a trois fois moins d’accumulées part en arrière.
J’étais sincèrement tanné des cours généraux qui me gardaient « toutes les portes ouvertes » et mes résultats scolaires disparates en témoignaient, c’est le moins qu’on puisse dire. Pour rester accroché à l’école, il fallait pour moi que ça devienne concret et que je puisse voir une utilité tangible à ce que je faisais dans l’immédiat. Ce qui m’a sauvé, c’était de m’inscrire dans un programme technique.
Un plaidoyer pour les programmes techniques
Simplement dit, j’ai adoré mes trois ans en technique de comptabilité et gestion! La moyenne de mes résultats académiques a bondi de 10 points de pourcentage complet, contre l’année précédente. Un grand facteur en jeu, c’était la composition de mon horaire. Je passais de 8 cours généraux au secondaire, à 5 cours d’apprentissages techniques et 3 cours généraux par session. La majorité de mon temps était investi dans le développement de compétences que je me voyais pouvoir utiliser concrètement, dans le futur.
Avant de sélectionner mon programme aussi tardivement qu’à la mi-février, je restais incompréhensif face à l’impopularité des techniques. Ce n’est peut-être qu’une question de perspective, mais je ne voyais pas comment on pouvait se tromper à prendre une technique au lieu d’un préuniversitaire, surtout si une branche d’apprentissage nous intéresse déjà.
Ce n’est pas réellement plus long
C’est vrai, une technique prend 2 sessions collégiales de plus. En revanche, c’est un diplôme qui se dédouble en permis de travail complet. Sur le marché du travail, un diplôme préuniversitaire n’a pas beaucoup de valeur ajoutée, comparativement à un diplôme réussi du secondaire. J’ai toujours perçu le préuniversitaire comme une simple passerelle, une voie express, pour l’université, alors qu’on oublie trop souvent qu’une technique n’empêche pas d’aller à l’université. Pas du tout. Presque la moitié de mes collègues techniciens sont allés compléter un BAC après avoir obtenu leur DEC. Mieux encore, certains ont vu leurs cours de première année de BAC crédités.
Plusieurs techniques en tout genre, au Québec, offrent des ententes DEC-BAC, créditant parfois la première année complète du BAC! Une année de plus au cégep, pour une année de moins à l’université. Au final, on arrive à destination en même temps qu’une année de moins au cégep et une année de plus à l’université.
Avantages qualitatifs et quantitatifs
Supposons que vous avez dans la mire un programme universitaire, regardez s’il offre des ententes DEC-BAC. Ça existe en administration, mais aussi en soins infirmiers, en informatique, en éducation spécialisée et j’en passe!
Avec les cours techniques, vous pourrez constater dès le départ si c’est un parcours fait pour vous, ou non. Vous pourriez alors vous rediriger au besoin, en n’ayant que perdu quelques semaines.
Si vous complétez votre technique, mais que vous n’avez plus envie d’aller à l’université au bout de la technique, vous pourrez trouver un emploi de technicien.
Mise à part de la flexibilité du parcours, ne négligeons pas non plus son coût. En effet, 2 sessions de plus au cégep coûtent beaucoup moins cher que 2 sessions de plus à l’université. On parle ici d’un ratio d’environ 5 pour 1!
J’ajouterais que la dynamique de classe en technique est différente. Je l’ai vécu et je sais que d’autres étudiants, d’autres programmes, d’autres écoles, aussi. La technique créée des groupes qui ont tendance à se suivre tout au long des trois années. J’avais donc les mêmes collègues de classe, ce qui a naturellement favorisé le tissage de liens d’amitié, dont certains que j’entretiens encore à ce jour! Un autre point qualitatif pour le DEC technique.
De l’extérieur, on pourrait croire que c’est presque la même aventure, finalement. Par contre, l’un des chemins offre un avant-goût de la carrière dès le jour 1, en plus d’offrir une porte de sortie après 3 ans, contre minimum 5 ans.
La valeur de l’argent dans le temps, appliquée aux études
Personnellement, j’ai terminé mon parcours après la technique, bien que j’aurais pu poursuivre plus loin. Je suis arrivé sur le marché du travail à temps plein, avec un bon nombre de qualifications, dès l’âge de seulement 19 ans!
C’est finalement quelques mois après ma graduation, un peu par hasard, que j’ai commencé à m’intéresser aux finances personnelles. Une chose que j’ai comprise rapidement, c’était que je venais de gagner un avantage compétitif sur mes camarades encore aux études. Riche d’un gros 17$ par heure, j’avais l’opportunité de faire travailler mon argent un peu plus longtemps, deux ou trois ans de plus, mais pour des résultats grandement différents, à efforts égaux.
En posant des questions, en effectuant des recherches et en lisant plusieurs livres sur le sujet, j’ai appris à calculer, selon un nombre d’hypothèses, le capital que j’avais besoin d’accumuler pour assurer mon futur. Chiffrer mes besoins rendait l’exercice tangible et l’effort simplifié.
Pendant 2 ans, j’ai épargné, puis investi le tiers de ma paie, à chaque 2 semaines. C’était un mix de CELI et de RÉER, mais surtout je plaçais ce dont j’avais besoin pour atteindre mes cibles fixées précédemment.
Alors que j’arrivais à l’âge où certains de mes amis sortaient à peine des bancs universitaires, j’avais déjà accumulé 25 000$ de capital de liberté. Selon mes calculs de l’époque, j’avais déjà constitué la base de mon patrimoine de retraite.
Pour ceux et celles qui poursuivront pareillement des formations professionnelles ou techniques, de grâce, profitez de cet avantage temporel. Votre futur vous vous en sera reconnaissant.
Chacun son refrain
Je crois qu’on négligerait les diplômes techniques et professionnels (DEP) si l’on oubliait d’observer ces aspects globaux. Même si la formation typique universitaire est socialement valorisée, j’estime qu’elle n’est pas nécessairement taillée pour tous non plus, moi le premier.
Les DEP et DEC cachent en eux des avantages compétitifs insoupçonnés, tout en restant à quelques pas seulement d’une demande d’admission pour pousser plus loin ses études, ou réorienter sa carrière en retournant sur les bancs d’école. Graduer, peu importe le programme ou la durée, ce n’est pas une finalité, mais plutôt le début d’un récit à multiples chapitres dont vous êtes l’auteur.
Illustration: Bing Concepteur d’images. Commande « whimsical paper diorama collage with no written words, surreal, a young student graduating, looking at the multiple paths of careers and schools he has to choose from, feeling small in front of infinite possibilities. Use a dark purple, white and black colour palette with warm lighting »
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