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La rentrée des nouveaux téléphones

Antoine Denis

Ils sont immanquables. Chaque année, synchronisés avec la rentrée scolaire universitaire, les grandes marques de téléphones intelligents nous présentent leurs nouveautés. Elles sont toujours meilleures, plus rapides, plus minces, que les versions précédente, désormais obsolète, voir même source d’insatisfaction.


C’est loin d’être le fruit du hasard que celles-ci débarquent à peu près en même temps que les premiers dépôts de prêts et bourses, en début de session. C’est un coup calculé, sachant que les jeunes universitaires ont généralement moins d’obligations financières, donc plus de budget discrétionnaire et souvent plus d’attention portée aux symboles d’apparences pour facilement s’identifier auprès de ses camarades de classe. Par conséquent, c’est le marché cible parfait.


Pourtant, ces possessions de luxe sont seulement rendues accessibles grâce à de lourds contrats de financement offerts par les fournisseurs de services. Le téléphone dernier cri, c’est pour un étudiant l’équivalent relatif de la voiture de luxe de l’année, pour un travailleur salarié. C’est la traduction matérielle de l’expression de son identité ou de son statut social.


Le coût caché


Le prix d’un nouveau téléphone se développe en deux parties. Il y a le coût de l’appareil, certes, mais le plus grand coût caché, c’est le différentiel entre les forfaits offerts lorsqu’un appareil est sous financement, versus lorsqu’on apporte son appareil (ou qu’on a terminé de le payé). Le prix du téléphone, on le sait assez facilement. L’offre de service distincte, plus difficilement.


À combien se chiffre cette différence? Difficile de vous donner une réponse exacte, car les fournisseurs font exprès de d’abord cacher sous plusieurs clics supplémentaires, les vrais prix des forfaits dits « Apportez votre appareils ». Ensuite, ils les rendent presque incomparables, en donnant des conditions ou une capacité d’utilisation différentes.


Puisque les promotions changent toujours, allons-y en dollars bêtement arrondis. Sous une même grande bannière nationale, des forfaits comparables se retrouvent entre 35 et 45$ par mois dans les forfaits APVA*, contre 50$ à 70$ par mois, dans les plans liés à un financement.


Personnellement, je paie 25$ en moins chaque mois (45$ vs 70$), pour le même forfait que si j’avais un téléphone financé. Oui, je pourrais avoir encore moins cher, mais j’utilise beaucoup de données et là n’est pas le point.


Lorsqu’un fournisseur offre un téléphone financé gratuitement, est-il réellement financé à 0% d’intérêt? Officiellement, oui. Techniquement, non, car je n’ai pas accès aux mêmes tarifs dans les deux scénarios.


Mon coût total de renonciation pourrait être aussi grand qu’une différence de 25$ sur le forfait, plus, entre 40 et 75$ par mois seulement pour le financement d’un téléphone flagship (le meilleur et le plus récent du fabricant), pour un achat.


Je ne parlerai même pas de l’option « Rapportez votre appareil », qui est littéralement l’équivalent d’une location de voiture de luxe neuve, mais se dépréciant encore plus vite! On vous fait payer tout le gros du coût et vous ne repartez avec rien à la fin.


Un potentiel de centaines de milliers de dollars


Supposons qu’un jeune écolier de 18 ans ne sautait qu’un seul contrat, avant de céder plus tard à l’obsolescence programmée ou à la pression sociale. En conservant un forfait APVA et un vieux téléphone à peine 2 ans de plus que prévu, l’économie peut devenir spectaculaire!


Si le différentiel de 100$ par mois était plutôt investit dans un placement enregistré générant 8% de rendement annuel, deux ans plus tard (à 20 ans), il n’y aurait peut-être qu’environ 2,600$, mais laissez cet argent dormir 50 ans, sans jamais rien n’y ajouter, et cet effort d’à peine 2 ans pourrait valoir… près de 122,000$!


Pensez-y. Si vous devez faire financer, pire devez louer l’appareil, non pas par choix, mais par faute d’alternatives, ce devrait être un indicateur suffisant pour dire que vous ne pouvez vraiment vous le permettre.


Par contre, si le téléphone vous apporte réellement du bonheur dans votre vie, que c’est l’équivalent d’un bonbon dans votre budget et qu’il n’entrave pas l’atteinte de vos objectifs financiers, pourquoi pas? Il y a des moments où l’on peut acheter des choses, purement pour se faire plaisir. Seulement, il faut pleinement connaitre son coût de renonciation et accepter les conséquences positives et négatives de ce choix.


Même si ce le fût plus important, pour moi, à une autre époque, je ne pourrais pas aujourd’hui rationaliser ce coût d’opportunité de centaines de milliers de dollars, seulement pour arborer le dernier joyaux technologique. J’ai toujours cette fascination de découvrir ces nouvelles prouesses d’ingénieries, je reste au courant, mais non merci, je passe.


*****


Illustration: Générée avec l’IA de Microsoft Copilot Designer, le vendredi 13 septembre 2024 à 6:36 p.m., sous la commande : «Create a whimsical paper collage diorama featuring a gold smartphone on a pedestal in a university campus courtyard. Students carrying books and backpacks gather around, fascinated. The far background includes campus buildings and trees. gold coins small piles spread around. Add school artifacts like lockers and notebooks to the foreground. Use a purple and white palette with warm lighting and soft depth of field. rich golden lighting.»

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