Il existe une nuance subtile, mais présente, entre un voyage et des vacances. Notre périple de la semaine dernière, je le catégorise comme un voyage.
Un voyage est une opportunité de découvrir une culture, un pays, des mœurs différents. Une opportunité d’ainsi prendre un pas de recul pour avoir plus de perspective sur certains de nos réflexes acquis un océan plus loin.
Je vous partage quelques-unes de mes observations socio-culturelles et économiques sur la région du Piémont, dans le Nord-Ouest de l’Italie. Naturellement, il s’agit d’observations personnelles, non-scientifiques, donc prenez ce qui suit avec parcimonie.
Cette semaine, je vous propose un premier article sur les voitures.
Les voitures, à l’italienne
Dans la semaine entière, je n’ai vu qu’un seul pickup américain. En fait, les grosses voitures, les gros VUS et les grosses camionnettes étaient tellement rares que leur absence était remarquable à l’oeil, sans statistiques à l’appui. Peut-être direz-vous que l’importation transcontinentale complexifie la disponibilité, mais les marques américaines étaient pourtant bien présentes. Les grosses cylindrées européennes ou asiatiques étaient aussi quasi-inexistantes.
Qui plus est, des modèles que nous connaissions ici jadis, étaient non seulement présents là-bas, mais même dérivé sous plusieurs moutures, pour parfois avoir le plus gros petit char possible. Plusieurs, en motorisation hybride.
Là-bas, c’est en partie l’Homo Economicus qui répond de façon rationnelle au signal de prix que lui envoie le marché.
L’essence se vend 1,80€ par litre.
Cela se convertie à environ 2,70$ CAD par litre, soit environ 80% plus cher que le prix présentement offert sur nos pompes, au moment d’écrire ces lignes. Pourtant, le baril de pétrole brut est une valeur échangée sur les marchés mondiaux à peu près au même prix.
Ajoutez 80%
Selon la calculatrice de coût de roulement de véhicule de CAA Québec, un VUS de taille moyenne effectuant 20000km par année peu facilement couter 3000$ d’essence par année, soit 250$ mois.
Imaginez un instant qu’il en couterait 80% de plus. Je me souviens d’un collègue de travail qui un jour me racontait que sa camionnette lui coutait 150$ par semaine en essence, à cause de la distance qu’il devait parcourir pour se rendre de sa résidence au travail.
Si 150$ hebdomadaires étaient déjà beaucoup, imaginez-en 270$, chaque semaine,14000$ par année (net d’impôt), simplement pour se rendre au travail. Aller-retour en camionnette, pour aller travailler, pour gagner de l’argent, pour payer la camionnette qui sert à aller travailler. De l’argent littéralement brûlée.
C’est plate à dire, mais l’argent parle et influence nos décisions. Je suis pas mal certain que si demain matin l’essence coûtait 80% plus cher, plusieurs grosses cylindrées se retrouveraient non seulement mises sur le marché de l’usagées, mais en plus, à rabais. Personne, à moins d’être très riche, ne veut avoir à bruler autant d’argent en carburant ce qui créerait un marché défavorables à ces voitures, mais à l’inverse, très favorable aux petites voitures.
Le facteur de l’espace disponible
Le prix à la pompe nettement supérieur n’est pas non plus le seul facteur influant, surtout dans les petites villes d’Europe. S’étant développées à une époque sans voiture, les villages sont compacts. Tout est fait pour se déplacer à pieds. C’est même souvent plus long de prendre la voiture que de prendre ses espadrilles, tant la circulation automobiles fut pensées par après.
Ce sont les routes qui se bâtissent autour des villages, plutôt que les villages qui se bâtissent autour des routes.
Combattre les côtes, version économique
Dans cette région splendide entre les grandes Alpes et les nombreuses collines abruptes, notre réflexe conditionné à la Nord-Américaine voudrait que si on y habitait, on conduirait un lourd véhicule utilitaires sport consommant probablement 10L/100km, et plus. Comme je disais, il n’y en a pourtant que peu.
C’est tout bête, mais je ne comprenais pas trop, l’an dernier, pourquoi la quasi-totalité des voitures disponibles à la location étaient manuelles, alors que de notre côté de l’Atlantique, c’est tout juste si on offre encore le cours de conduite manuelle, au cas où.
Chez les concessionnaires canadiens d’aujourd’hui, acheter une voiture manuelle n’est même plus une option pour sauver de l’argent sur le prix d’achat. C’est rendu soit indisponible, soit niché pour les amateurs de conduite sportive. Besoin d’être prêt à monter des grosses cotes? Prenez un plus gros moteur, au cas où.
Et si la transmission avait pu être la solution toute simple? Pour la plupart du kilométrage parcouru à plat, on économise en continu avec une petite motorisation hybride et le défi venu, on utilise la boite de transmission, comme pour un vélo, pour faciliter la tâche. Le vis-à-vis automatique aurait ici trop souvent tendance à sous-estimer les besoins du moteur, ne voyant pas la route devant, ne se fiant qu’à une mesure de rotations et de capteurs.
La déflation de nos ambitions
Un peu comme certains individus détiennent trop d’assurances, au cas où, nous achetons souvent nos voitures «au cas où».
« Au cas où on aurait besoin de transporter d’autres personnes »
« Au cas où on irait faire du ski »
« Au cas où ce serait plus sécuritaire ou confortable »
Notre standard généralement accepté, ou de ce que « nous méritons » pour nos véhicules Nord-Américains ont gonflés en taille, autant qu’en prix, au cours des dernières décennies. Remarquez sur nos routes, si vous en voyez, comment les voitures des années 80 ou 90 paraissent minuscules à côté de nos voitures modernes. La différence est frappante!
Le coût de possession et d’opération d’un gros véhicule, ici, n’est pas suffisamment influant pour conditionner les comportements et les décisions d’achat. Par contre, tout peut changer si vite, que peut-être vivrons-nous une certaine déflation de nos ambitions de grandeur à 4 roues motrices.
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Illustration: Générée avec l’IA de Microsoft Copilot Designer, le vendredi 25 octobre 2024 à 11:08 p.m., sous la commande : « Whimsical paper collage scene shallow depth of field. Very warm golden lighting. Dominant purple color palette with accents of white. A vintage purple car, small and compact, parked in a quaint European village with cobblestone streets. Surrounding it are vibrant flowers and charming buildings, creating a harmonious blend of color and texture. The scene captures the essence of the Piémont, emphasizing the nostalgic beauty of smaller vehicles amidst the picturesque landscape.»
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